Qu’est-ce qu’un cultivar?

Les cultivars sont des plantes sélectionnées et cultivées pour leurs caractéristiques spécifiques. Ces plantes peuvent être issues d’une espèce indigène ou exotique. On pense souvent à une plante exotique lorsqu’on parle d’une espèce non indigène, mais même une plante provenant d’autres pays européens est considérée comme exotique.

Les plantes sauvages ont généralement beaucoup de feuillage et de petites fleurs, tandis qu’un cultivar est choisi pour des traits particuliers, tels que des fleurs plus grandes ou plus colorées, des fruits plus imposants, une période de floraison prolongée, ou des formes uniques de fleurs ou de feuillage.

La prédominance de plantes horticoles dans le jardin

Dans la plupart des jardins privés, les plantes horticoles dominent. Cela n’a rien d’étonnant, car les plantes indigènes ne sont souvent disponibles que dans des pépinières spécialisées. Les plantes horticoles sont tellement ancrées dans nos habitudes que nous oublions souvent qu’elles ont été soigneusement sélectionnées et modifiées pour répondre à des critères esthétiques ou pratiques.

L’importance des plantes indigènes pour la biodiversité

À une époque où l’accent est mis sur la biodiversité et le rôle clé des plantes indigènes, la question se pose: faut-il bannir les cultivars des jardins ? La réponse est nuancée.

Avantages de la plante indigène

Des études scientifiques ont montré que les arbres indigènes abritent beaucoup plus d’espèces d’insectes que les espèces exotiques. Par exemple, le saule (Salix sp.), suivi du chêne indigène (Quercus sp.), héberge le plus grand nombre d’espèces d’insectes. On observe des centaines d’espèces sur les arbres indigènes, contre seulement une dizaine sur les arbres exotiques.

Bien qu’il manque encore des études comparatives pour les plantes herbacées et basses, une recherche britannique a révélé que les jardins composés de plantes indigènes abritent quatre fois plus de chenilles et trois fois plus de papillons que ceux dominés par des plantes exotiques.

Une relation étroite entre la flore et la faune indigènes

La flore et la faune indigènes se soutiennent mutuellement, créant une biodiversité bien plus élevée qu’avec des plantes exotiques. Les arbres, les insectes, les papillons, les champignons du sol, les animaux et les oiseaux sont étroitement liés et coévoluent.

Les espèces ligneuses exotiques, quant à elles, sont rarement choisies par les insectes pour se reproduire. Par exemple, le chêne américain, présent dans nos régions depuis plus de 200 ans, est très peu utilisé par les insectes, contrairement à nos chênes indigènes (chêne pédonculé et chêne sessile).

À l’inverse, des plantes indigènes comme l’ortie jouent un rôle crucial en tant que plantes hôtes. L’ortie est essentielle pour de nombreux papillons, comme le Vulcain (Vanessa atalanta), la Petite Tortue (Aglais urticae), et le Paon-du-jour (Aglais io), ainsi que pour des insectes comme le puceron de la grande ortie et la punaise de l’ortie.

Pourquoi les plantes indigènes sont-elles si importantes?

Les plantes et les arbres produisent des substances défensives pour se protéger contre les dégâts causés par les insectes et les chenilles. Nos insectes et papillons indigènes se sont adaptés à ces substances au cours de millions d’années, ce qui leur permet de cohabiter et de se reproduire sur ces plantes.

En conclusion, favoriser les plantes indigènes dans nos jardins contribue non seulement à une biodiversité plus riche, mais soutient également les équilibres naturels entre les espèces végétales et animales locales.

Cosmos BipunnatisCosmos Bipunnatis

Les plantes non indigènes ont-elles une valeur?

Absolument ! Des études ont montré que les abeilles domestiques, les bourdons et les syrphes ne font pas de distinction majeure entre une plante indigène et exotiques à condition qu'elles offrent un accès à du nectar. Les plantes exotiques peuvent d’ailleurs s’avérer particulièrement utiles au début du printemps ou à la fin de l’automne, en fournissant une source de nectar supplémentaire lorsque les ressources sont rares.

Une bordure composée d’un mélange de plantes indigènes et exotiques peut ainsi prolonger la période de floraison, attirant davantage de pollinisateurs dans le jardin. Cela est particulièrement vrai pour les pollinisateurs généralistes, moins exigeants quant au choix de leurs ressources.

En revanche, les abeilles solitaires se montrent beaucoup plus sélectives lorsqu’il s’agit de collecter du pollen pour nourrir leurs larves. Des observations ont révélé que les abeilles sauvages préfèrent les plantes indigènes ou des espèces apparentées de la même famille, partageant des périodes de floraison et des formes florales similaires.

En résumé

Les insectes et papillons indigènes dépendent principalement des plantes indigènes pour leur survie et leur reproduction. Cependant, pour se nourrir, ils recherchent du nectar aussi bien sur une plante indigène que sur une plante exotique. Un jardin diversifié, mêlant espèces locales et exotiques, peut ainsi répondre aux besoins alimentaires de nombreux pollinisateurs tout en soutenant la biodiversité locale.

Quand un cultivar pose-t-il problème?

Le principal problème d’un cultivar est qu’il est souvent sélectionné sans tenir compte des besoins des insectes et des papillons. Les plantes sont choisies pour leurs fleurs doubles, leurs formes florales inhabituelles, leurs couleurs de feuillage particulières ou leurs périodes de floraison prolongées. Cependant, certains cultivars produisent très peu de pollen et de nectar, ou rendent ces ressources inaccessibles aux pollinisateurs.

Une variété horticole présente une faible valeur écologique lorsqu’elle:

  • Diffère trop en couleur, odeur ou forme de l’espèce d’origine: Dans ce cas, les insectes et papillons ne les reconnaissent plus.
  • Est stérile: elle ne produit ni pollen ni nectar.
  • Rend le pollen et le nectar inaccessible: La structure de certaines fleurs empêche les pollinisateurs d’atteindre ces ressources.
  • S’éloigne trop des espèces indigènes: Cela peut nuire à la reproduction de la faune indigène qui dépend des plantes locales.

Certaines variétés horticoles d’Echinacea illustrent bien ce problème. Bien que visuellement attrayants, ces plantes modifiées offrent souvent peu ou pas de ressources aux pollinisateurs, diminuant ainsi leur rôle écologique dans le jardin.

En résumé, bien qu’un cultivar puisse ajouter de la diversité visuelle dans les jardins, il est important de considérer son impact écologique, en particulier sa capacité à soutenir les pollinisateurs et la biodiversité locale.

EchinaceaEchinacea

Conseils pour favoriser la biodiversité

Si vous souhaitez intégrer des espèces horticoles dans votre jardin, tenez compte des points suivants:

  • Forme des fleurs: Privilégiez les fleurs simples ou semi-doubles qui produisent du pollen et du nectar accessibles aux pollinisateurs. Évitez les fleurs doubles.
  • Couleur des fleurs: Les fleurs dont la couleur se rapproche de celle de l’espèce naturelle sont plus facilement détectées par les insectes. Cela s’applique également aux fruits.
  • Couleur des feuilles: Les feuilles jaunes ou panachées semblent avoir peu d’impact par rapport aux feuilles vertes. Cependant, les feuilles rouges ou pourpres peuvent repousser certains insectes.
  • Parfum: Le maintien du parfum des fleurs est essentiel pour aider les abeilles et les bourdons à localiser les fleurs. De nombreuses roses cultivées, dépourvues de parfum, ne sont plus visitées par les pollinisateurs.
  • Diversité: Idéalement, 80 % des plantes de votre jardin devraient être des espèces indigènes. Évitez de planter de grandes surfaces composées d'une seule espèce et ne choisissez pas de cultivars trop éloignés des espèces locales. Plus il y a de diversité, plus la biodiversité sera riche.
  • Espèces exotiques envahissantes: N’introduisez pas dans votre jardin une espèce exotique figurant sur la liste des espèces envahissantes.

Lysimachia clethroides

Le rôle du cultivar et des plantes exotiques dans le jardin

Les recommandations issues de la plupart des études convergent: les plantes indigènes sont essentielles, mais les plantes exotiques peuvent également jouer un rôle précieux, notamment lorsqu’il s’agit de cultivars proches des espèces indigènes et présentant des propriétés écologiques similaires.

De nombreux chercheurs distinguent les exotiques provenant de régions éloignées (autres continents) des exotiques "de proximité" (Europe). Par exemple, de nombreuses plantes européennes ne sont pas perçues comme exotiques. Pensez à Calendula officinalis (souci), considérée aujourd’hui comme indigène dans toute l’Europe bien qu’elle soit originaire du bassin méditerranéen et du proche orient.

Certaines espèces exotiques, comme Calamintha nepeta, Verbena bonariensis, Echinacea, Geranium Rozanne ou encore les cultivars de Salvia, attirent un grand nombre d’insectes pollinisateurs grâce à leurs fleurs. Ces plantes méritent donc une place dans nos jardins aux côtés des espèces indigènes.

Attention au caractère invasif des plantes exotiques

arrive que le caractère invasif d’une espèce ne soit identifié que plusieurs décennies après son introduction.

Un exemple frappant est celui du buddleia (Buddleja davidii), connu sous le nom d’arbre à papillons. Bien qu’exotique, il est très apprécié pour sa capacité à attirer les papillons. Cependant, il prolifère désormais dans les paysages et est classé comme une espèce exotique envahissante.

Un autre exemple est le cosmos (Cosmos bipinnatus), originaire du Mexique et fréquemment incluse dans les mélanges de fleurs. Aujourd’hui, cette plante est reconnue comme une espèce envahissante dans 40 pays.

Conclusion: Bien que les plantes indigènes soient essentielles pour préserver la biodiversité, les cultivars et les plantes exotiques peuvent également apporter une valeur ajoutée lorsqu’ils sont sélectionnés et intégrés avec soin.